Présentation de la vie de Louis-René VIARD par le maire de Mirebeau.
Louis-René VIARD est né à Mirebeau-sur-Bèze le 1er novembre 1862 (route de Pontailler) où habitaient ses parents et ses grands-parents.
Après quelques années passées en famille au village natal, les parents de Louis-René VIARD s’installent à TROCHERES où le père exerce le métier de maréchal ferrant.
Il est scolarisé à l’école publique de MIREBEAU probablement jusqu’en 1876 puis reste à TROCHERES jusqu’à l’âge de 20 ans pour travailler dans des exploitations agricoles locales.
Le 3 décembre 1883 il est tiré au sort pour effectuer son service militaire au 130ème régiment d’infanterie à MAYENNE (au nord de LAVAL).
Commence alors pour lui une carrière militaire très active de presque 38 années qui le conduira successivement de 1843 à 1914 en ALGERIE (SUD ORANAIS), au TONKIN (Indochine française), en AOF et en A.E.F. (SENEGAL-CONGO-TCHAD).
De septembre 1914 à septembre 1918 il participe à la défense du territoire français en commandant successivement 3 régiments d’infanterie engagés sur le front, du Nord (Artois) à l’Est (Vosges) sans oublier la région de Verdun.
Il termine la Grande Guerre avec le grade de colonel.
En mars 1919 il intègre la Mission Militaire Française, mise à la disposition du Comité National Polonais, pour participer à la libération de ce pays occupé par l’armée soviétique dans la région Nord de l’Ukraine.
Il commande alors le 7ème Régiment de Chasseurs Polonais avant d’être nommé général dans l’armée polonaise.
Après cet épisode soviéto-polonais il rentre en France fin 1920 où il termine sa carrière militaire le 31 octobre 1921.
Il est commandeur dans l’Ordre national de la Légion d’Honneur, titulaire de la Croix de guerre 14/18 avec 11 citations.
A partir de la date de mise à la retraite Louis René VIARD, installé dans un appartement de la région parisienne (COURBEVOIE), va profiter d’une longue vie pour s’occuper d’activités variées et très nombreuses.
En octobre 1921, il assiste à l’inauguration du monument aux Morts de MIREBEAU en présence de son cousin Paul AUBAN – sculpteur réalisateur du Monument aux Morts de Mirebeau – lui aussi natif de MIREBEAU.
Gardant un contact étroit et soutenu avec les autorités de son pays natal, il adhère à toutes les associations locales et participe activement à l’éducation de la jeunesse en les encourageant par l’attribution de prix en fin d’année scolaire, surtout au cours des années 30 ;.
Il conserve des liens avec les subordonnés qu’il a eus sous ses ordres durant la Grande Guerre, il participe, en qualité de Président d’Honneur, aux réunions des membres des amicales de ses anciens régiments (région d’Agen et Chalon-sur-Saône).
Autodidacte tout au long de sa carrière militaire puis lors de sa période de retraite, Louis-René VIARD a laissé, après son décès à Paris le 1er février 1952, un volume impressionnant de correspondances diverses, montrant une activité débordante dans des domaines très variés.
Discours de Christine AUBRY, petite-fille du Général VIARD
C’est avec beaucoup d’émotion que je prends la parole au nom de ma famille.
Dominique Traynard, Sibylle Belloc et moi-même, Christine Aubry, sommes les petites filles du Général Viard.
Il y a 2 mois encore, nos n’avions jamais ou presque jamais entendu parler de notre grand- père, je dirais même plus, nous n’avions pas de grand père puisque, chez nous, personne n’en parlait et que tous les papiers le concernant avaient disparu. Il était oublié dans un silence pesant.
Notre grand-mère, infirmière sur le front pendant la guerre de 14-18, avait épousé le Général Viard en 1919. Ils s’étaient sans doute rencontrés alors que son futur époux était blessé de guerre.
Leur mariage n’a pas duré longtemps, ils ont divorcé rapidement. Une histoire souvent banale de nos jours mais sûrement très douloureuse et difficile à cette époque… ça ne se faisait pas !
Pourtant notre grand-mère lui était reconnaissante d’une chose et d’une seule. Elle disait : « Le plus beau cadeau qu’il m’ait fait, c’est votre mère ». En effet, notre mère est née en 1920 quelques temps après ce mariage.
Par la suite, ni notre grand-mère ni notre mère n’ont évoqué ce mari ou ce père. Nous savons que notre mère venait ici avec son père, en vacances mais elle n’en a pratiquement jamais parlé. Elle était timide et probablement son père l’impressionnait.
Pourtant, nous nous sommes souvent demandées d’où lui venait d’une part une volonté farouche d’autre part, ce goût de l’ordre quasi militaire.
Notre mère aimait la montagne et quand nous relisons ses carnets de courses dans lesquels elle consignait ses sorties en montagne, nous ne pouvons qu’admirer ses exploits, oui ! il lui fallait beaucoup de courage et de volonté.
Par la suite, en épousant notre père, Philippe Traynard, professeur et président de l’Université de Grenoble, ils ont été tous les deux happés par la montagne. Pas un week-end sans une escapade vers les sommets.
Ils nous ont transmis ce « virus », si je puis le dire ainsi.
Ils ont écrit 3 livres-guides de courses en montagne, présentés ici, dans cette exposition, qui font encore aujourd’hui référence dans les milieux de la montagne. Décrire un itinéraire pour atteindre un sommet suppose déjà de l’avoir fait (ils en ont décrit plus de 300), de vérifier, en y retournant, la pertinence du descriptif. Souvent, nos parents partaient coucher sur la neige, au pied de l’itinéraire, sous une tente ou en bivouaquant en plein hiver. Nous les accompagnions parfois et gardons de ces expéditions des souvenirs lumineux.
Notre mère avait le goût de l’ordre : nous étions 5 enfants, chaque enfant avait un numéro d’ordre et un couleur qui apparaissait sur ses vêtements : par exemple, notre frère, premier de la fratrie portait un petit n° 1 étiqueté discrètement sur l’envers de chaque vêtement et la couleur bleue était privilégiée . Impossible de mélanger nos affaires, tout était classé, rangé. Tout le linge de la maison était étiqueté des initiales TV ce qui voulait dire « Traynard » du nom de notre père et Viard du nom de son père que malgré tout, elle n’avait pas oublié.
Mais notre mère avait bien d’autres cordes à son arc. Elle avait des dons artistiques certains ce qui lui a permis de faire de la reliure et du tissage. Nous avons apporté une de ses réalisations en reliure.
Nous avons appris que Mr Paul Auban, sculpteur, est un cousin de notre mère.
Sibylle fait des bijoux…il y a sûrement une sensibilité artistique dans la famille. Nous avons appris que le Général Viard, notre grand père fréquentait, à Paris, des peintres tels que Monet et Van Gogh.
C’est donc avec beaucoup de curiosité puis d’émotion que nous avons répondu à l’appel de Mme Legoux nous expliquant son travail de mémoire sur le Général Viard, réalisé par elle-même ainsi que par quelques passionnés.
Mais je dois dire que le plus grand choc s’est produit hier lorsque nous avons découvert ce qu’a été ce grand père fantôme, ses faits d’armes, son courage, son intelligence et son humanisme, un véritable exemple pour nos enfants et petits-enfants et aussi pour toute notre jeunesse.
Imaginez notre stupéfaction et notre émotion.
Que soent remerciés ici Mr le Maire de Mirebeau qui a permis que cette exposition voit le jour dans ses locaux, Mme la Comtesse Ponin de Poninski qui a bien voulu donner une quantité importante de documents dont elle avait hérité.
N’oublions pas Mme Legoux et son équipe Mr Carmoi et Mr Peru ainsi que le Colonel Berthier, qui grâce à Mr Kern, président de l’Association des Anciens Combattants, ont pu réaliser un travail exceptionnel de recherche et de mémoire en véritables professionnels.
Nous avons apporté de Grenoble, notre port d’attache, quelques spécialités que nous voulons remettre aux principaux acteurs de cette exposition.
Un grand merci à tous, nous aurons beaucoup à raconter à notre retour, dans notre famille et autour de nous et garderons un souvenir ému de ces moments uniques dans nos vies. Merci de nous avoir permis de rencontrer notre grand-père.
En regardant les panneaux de l’exposition sur le Général Viard, Robert, le mari de Sibylle a eu
l’œil attiré par une photo du beffroi d’Arras. Sur cette photo, prise en 1915, il ne reste que des ruines
de la ville d’Arras et le beffroi se reconnaît difficilement tellement les bombardements ont été intenses.
Robert se souvient alors que sa grand-mère et ses 8 enfants ont été bloqués pendant un mois dans la maison contiguë au beffroi, maison dont on ne voit plus qu’un tas de pierres. Elle s’était réfugiée avec sa famille dans la cave. Son mari lui, avait été mobilisé et il était parti faire la guerre. Pour se ravitailler, son fils aîné, âgé de 13 ans, l’oncle de Robert, partait de nuit pour chercher de quoi survivre. Un jour, il n’est pas rentré, c’est le père de Robert qui a pris le relais : il fallait bien nourrir la famille.
La ville d’Arras a été libérée par le Général Viard . Robert a découvert que, grâce au grand père de sa femme, sa famille avait pu évacuer l’enfer d’Arras et rejoindre Bordeaux où une partie de sa famille était implantée.
Commémoration du 11 novembre | BIENVENUE À TROCHÈRES. Côte-d'Or
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