– Guerre d’Indochine – 07 février 1952 : mort du lieutenant Charles RUSCONI (Phu Ly).

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Charles Alphonse RUSCONI  naît en Suisse, le 13 mai 1918, d’une famille corse.

En 1936, dès l’âge de dix-huit ans, il s’engage au 10e Régiment de Tirailleurs Sénégalais. C’est un garçon trapu, solide, d’aspect viril. Trois ans plus tard, lorsque la deuxième guerre mondiale commence, il est sergent. Volontaire pour les corps francs, il devient le chef d’un commando chargé d’opérer sur l’arrière du dispositif allemand. C’est ainsi qu’en mai 1940, il sauve un officier blessé dans les lignes ennemies en le dégageant à la grenade et en le ramenant sur ses épaules.

Devant l’offensive allemande, l’armée française largement surclassée en moyens matériels et en armement, se voit contrainte de se replier, mais le sergent RUSCONI n’est pas de ceux qui baissent les bras. Le 2 juin 1940, il investit un poste de commandement ennemi. Soixante-dix soldats et officiers sont faits prisonniers ; un armement lourd ainsi que les archives divisionnaires sont récupérés. Après ce coup d’éclat, le sergent RUSCONI poursuit sans relâche ses missions retardatrices jusqu’au 26 juin, jour où il est blessé par une rafale de mitrailleuse. Capturé par les troupes allemandes, il est soigné, mais deux mois plus tard, à peine rétabli, il s’évade.

C’est en février 1948 que le lieutenant RUSCONI, à sa demande, rejoint l’Indochine. Il forme un commando composé de Sénégalais et de Vietnamiens, qui va opérer sur la rive gauche du Fleuve Rouge. Avec une efficacité égale à celle du commando des Tigres Noirs de l’adjudant Vandenberghe qui opère sur l’autre rive du fleuve, cette petite unité mixte, où règne un esprit d’émulation, va infliger au Viet-Minh des pertes considérables par des coups de main et embuscades incessants. Grâce à ces exploits, la province retrouve une paix relative.

Ayant rempli avec succès cette mission, le commando RUSCONI se voit chargé d’aller opérer sur les rives du fleuve Day (Nghia Lo), où il va reprendre ses incursions à l’intérieur des zones tenues par le Viet-Minh. Il accomplit de nouveaux actes de bravoure aux résultats impressionnants en termes de prisonniers et d’armes récupérées. Mais dans la nuit du 6 au 7 février 1952, le commando est trahi : une centaine de combattants du Viet-Minh pénètrent par surprise dans le poste endormi et c’est le carnage. La plupart des hommes sont abattus avant d’avoir pu se servir de leurs armes. Quelques survivants combattent jusqu’au bout de leurs forces à l’arme blanche. Le lieutenant RUSCONI, pistolet au poing, fait face, mais tombe sous les balles et meurt sans un cri.

Chef du commando 23, RUSCONI est beaucoup moins célèbre que l’adjudant-chef Vandenberghe (commando 24) mais présente pourtant le même profil et la même efficacité lors des missions d’action dans la profondeur.

Comme Vandenberghe, assassiné 1 mois avant, il est trahi par un ancien du Viet-Minh «retourné» sur lequel le Dich Van (service d’action psychologique Viet) faisait pression. Il meurt avec la quasi-totalité de son commando dans la nuit du 7 au 8, submergé par une compagnie vietminh que le traître a fait pénétrer dans le camp.

La particularité de son commando : Vietnamiens et Sénégalais.

Ses soldats sénégalais disaient de lui : « Petit, mais malin ! ».

Gilles SURIREY

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