29/02/2023 – Belleneuve – Raymond ROUSSEAU, un bâtisseur sous les drapeaux…Témoignage recueilli par F-P Kern

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Allemagne – Tenue de cérémonie

Après l’école élémentaire, je suis entré au lycée professionnel St Lambert (Paris 15ème) en section maçonnerie. J’ai obtenu successivement CAP, BP, et brevet de maîtrise et, pendant 2 ans, j’ai exercé mon métier en qualité d’apprenti maçon.

Je suis parti au Service militaire le 4 mai 1958.

Service en Allemagne

J’ai fait mes classes à Speyer, ville située sur le Rhin dans le sud de la Rhénanie-Palatinat, où j’ai suivi la formation de caporal puis caporal chef au 1er Régiment d’Instruction du Génie.

Quatre mois plus tard, j’ai été affecté à Trêves au 13ème Bataillon du Génie pour une durée de 8 mois.

Service en Algérie 

Embarqué pour Oran le 25/06/1959, j’ai rejoint Mazagran, petite agglomération urbaine à 3 km de Mostaganem. J’étais affecté à la 21ème Compagnie du bataillon de Génie appartenant à la 5ème DB.

J’y suis resté trois semaines puis j’ai été dirigé vers Inkermann, petite villesituée dans la willaya de Relizane. J’étais affecté à la section de combat de la 21ème Compagnie.

J’étais chargé d’assurer l’escorte de porte-char, de matériel et du chef de bataillon vers les chantiers destinés à la construction de pistes à usage civil et militaire. Pour éviter que les « appelés » ne passent une nuit blanche (crainte des embuscades), ils n’avaient connaissance de la mission que le matin même.

La finition était assurée par la COLAS (goudronnage). La piste devenait alors une route.

Entre les missions j’ai assuré la construction de hangars en qualité de chef de chantier.

La main d’œuvre était constituée d’un encadrement de maçons appelés du contingent et de prisonniers algériens.

Chaque matin, les prisonniers étaient extraits de la prison qui se trouvait à une vingtaine de kilomètres. Pendant leur période de travail, ils étaient bien nourris, mieux qu’en prison… Ils étaient reconduits le soir sur leur lieu de détention.

Un jour, l’un des prisonniers a refusé de travailler. C’était un chef de douar !

Après négociations, il  a accepté de diriger ses coreligionnaires, assurant avec efficacité la production de béton.

Dans ce contexte de « guerre », mes relations avec les prisonniers qui m’étaient confiés étaient correctes. Bien sûr il convenait de respecter les normes de sécurité. Elles n’ont jamais été remises en question.

Aucun incident n’a été enregistré durant mon séjour.

Après 6 mois, j’ai rejoint  Mostaganem, à l’arrondissement du Génie dépendant du 2ème RTA, pour construire des logements. On est fin 1959, début 1960.

Placé sous les ordres d’un capitaine qui assurait l’ingénierie et de son adjoint au grade d’adjudant, j’avais pour mission de réaliser les agglos, de construire le gros œuvre et d’assurer les finitions (Plomberie, électricité, …)

Recevant en espèces les fonds nécessaires, j’achetais le ciment et toutes les fournitures. Le gravillon et le sable étaient prélevés dans le lit de l’oued.

Le soir, avec des copains, nous quittions souvent la caserne pour aller dîner dans un restaurant (Au 1er étage avec volets fermés de préférence, jamais en terrasse !). En chemin, il nous arrivait parfois d’être accueillis avec des grenades. Mais cela ne nous dissuadait pas…

Retour en Métropole

Retour en Métropole – Sur le bateau

Le 2 septembre 1960, j’ai embarqué à Oran pour rejoindre la métropole, la tête pleine de bons souvenirs. 

Pour moi, le Service national a été accompli dans les meilleures conditions possibles.»

R. ROUSSEAU

Au cours de son service militaire, R. ROUSSEAU n’a pas perdu son temps ; il a mis en pratique ce qu’il avait appris à l’école et a acquis de l’expérience sur le terrain. En Algérie, il a été amené à côtoyer et connaître des gens aux coutumes différentes des siennes. Il a compris qu’on pouvait s’entendre avec eux à condition qu’il y ait un respect mutuel.

Cette période de sa vie a été formatrice. Il ne regrette rien.

De retour en métropole il a continué son métier de « bâtisseur ».

Aujourd’hui, avec sa compagne qui fait d’excellents gâteaux aux pommes, Raymond est un retraité heureux ! Je les remercie pour leur accueil chaleureux.

F-P.  KERN