Frédéric est envoyé au fort de Bron (2ème groupe d’aviation) comme élève mécanicien.
Quand il n’étudie pas la mécanique, il travaille sur de nouvelles « Mosaïques ».
11 novembre 1915
… Après la journée de travail manuel et cérébral, – car apprendre un moteur est assez difficile si l’on désire l’approfondir – je vais rêver au milieu des champs ….
27 novembre 1915
…Je viens d’acheter deux livres : un traité de versification et un cours de cosmographie. Il y a, à Bron, trois jeunes gens qui deviennent mes amis… Avec l’astronome, je perfectionne mes connaissances en étoiles ; avec l’ingénieur, je fais des mathématiques ; avec l’étudiant, nous philosophons.
6 janvier 1916
Frédéric est envoyé au camp d’Avord (Cher)
17 février 1916
…Il faut que je sois pilote. Si la guerre doit durer longtemps, – et tout le monde le prédit, – il m’est impossible de rester ici comme mécanicien pendant que mes deux cousins et mes deux amis, Georges C. et Paul C., sont au front ! Je suis peut-être fataliste, mais, si je dois me faire tuer pendant cette période dramatique, ce n’est pas l’éloignement de la zone dangereuse qui me protégera. Je suis enragé à voler. J’ai confiance en moi !
26 février 1916
…Je suis, hier et avant-hier, parti dans les nuages, d’abord sur un Blériot et puis sur un Nieuport. C’était délicieux !…
8 mars 1916 : Frédéric est sauvé de la mort … par son père !
Frédéric écrit : « Si papa, à son retour d’Espagne, arrive dans ce triste pays d’Avord où la pluie tombe toujours, ce sera pour moi un vrai soulagement moral… »
Pascal, son père, relate les faits :
« … En revenant d’un voyage en Espagne, je fus en effet voir mon fils au camp d’Avord ce vendredi-là. Une correspondance de train, manquée à Nîmes, m’avait retardé de 12 heures. Le soir de mon arrivée, je demandais au lieutenant STROMEYER la faveur d’un jour de congé pour Frédéric, le lendemain. «Je l’avais choisi, me fut-il répondu, pour essayer avec moi, demain un appareil Spad. Mais je prendrai un autre mécanicien pour remplacer votre fils. » Le jour suivant, dans l’après-midi, nous nous promenions, mon fils et moi, sur une légère hauteur. Il faisait fort beau temps. Plusieurs avions évoluaient dans le ciel, lorsque, tout à coup, nous en vîmes un qui piquait droit au sol, comme une masse, les ailes décollées. C’était le lieutenant STROMEYER qui se tuait avec son mécanicien… »
13 mars 1916
Frédéric écrit à ses parents:
…Il faut oublier ce drame. La gloire mène à l’imprudence et l’imprudence à la mort. Je ne rêve pas de gloire, et si j’ambitionne de m’élever pour briller, la nuit, au milieu des astres éparpillés, c’est pour mieux comprendre ma petitesse parmi tous ceux qui se croient les maîtres du monde… J’espère venir vous voir bientôt. De vive voix et sans aucun danger, vous planerez avec moi sous les étoiles.
Avril 1916
Dans ses lettres, Frédéric ne parle guère que des travaux pénibles auxquels il est astreint.
11 mai 1916
…L’année dernière, à pareille date, j’étais blessé dans l’offensive d’Artois. Combien en reste-t-il de ceux qui étaient avec moi dans les ruines fumantes ? …
26 juin 1916
Frédéric est affecté comme mécanicien à Châteauroux.
Septembre 1916
Obsédé du désir d’être pilote, il réussit à faire apostiller sa septième demande par le commandant du camp et obtient enfin de se rendre à Dijon comme élève-pilote, sans prévenir ses parents.
…Je suis enfin à Dijon ! Au milieu de fraîches plantations de gazon, la demeure des élèves-pilotes a la forme d’un fer à cheval tout serti de fleurs…
16 octobre 1916
Frédéric est envoyé à Buc après avoir réussi son examen de mécanique.
Lorsqu’il fait mauvais, il ne peut pas s’entraîner à voler. Il occupe alors ses loisirs à dessiner des modèles de bijoux de style Art Déco : pendentifs, bagues, diadèmes, bonbonnières, broches, peignes, bracelets, médailles, colliers, porte-cigarettes…
En effet, avant la guerre, Frédéric, qui avait une vocation d’artiste, a cherché sa voie chez le décorateur Tony SELMERSHEIM qui l’a initié à l’art du meuble. Il a été admis dans l’atelier de l’animalier Edouard NAVELIER. Le statuaire Rupert CARABIN lui a donné des cours de dessin pendant deux ans. Il a été apprenti pendant trois ans chez le maître bijoutier-joaillier Henri DUBRET qui lui a appris la technique et l’esprit de son art, tout en laissant libre cours à son originalité propre.
Sa curiosité le portait même à étudier les branches les plus diverses de la décoration ; c’est ainsi qu’au Salon d’Automne de 1920 seront exposées des broderies originales réalisées d’après des dessins de Frédéric.
Journaux et revues des arts de 1920 ne tarissent pas d’éloges pour cet artiste « si fin et si distingué », disparu trop tôt.
29 janvier 1917
Frédéric quitte Buc pour Avord où il passera son brevet de pilote le 25 février.
27 mars 1917
Il quitte Avord pour Pau.
12 avril 1917 : il est envoyé à Lyon pour affectation Salonique.
19 avril 1917 : Départ de Marseille pour Salonique, par l’Italie.
19 avril – 9 mai : Frédéric écrit ses impressions de route (« Vers l’Orient »)
10 mai 1917 : arrivée sur le front serbe, à quelques kilomètres de Monastir. Affectation à l’escadrille 391.
L’expédition de Salonique (1915-1918) : « dénommée Front d’Orient, Front de Salonique ou Front de Macédoine, est une opération menée par les armées alliées à partir du port grec macédonien de Salonique.
Elle est destinée à soutenir l’armée serbe lors de l’invasion de la Serbie, à fixer les troupes des Empires centraux et des Bulgares après la capitulation de la Russie et à ouvrir un front en Orient pour délester le front occidental.
Cette expédition fut un peu oubliée par les opinions publiques et méprisée par les belligérants. Pourtant son intérêt stratégique dans la lutte contre les puissances centrales n’est plus à démontrer.
Les conditions de vie des soldats sont dures : ils sont victimes de scorbut, de dysenterie, de paludisme et de maladies vénériennes. Le service médical est peu développé.
Fin 1917, une partie de l’armée d’Orient est redéployée à Odessa contre les Bolchevicks en Ukraine. »
Fin de la deuxième partie.
À suivre :
3ème partie : Front de Salonique – Engagements aériens