Quand on parle de résistance, de quoi parle-t-on ? Le grand mythe unificateur voulu par De GAULLE ne tient pas vraiment la route face aux chiffres, même s’ils sont souvent divergents. Ces chiffres montrent que ce fut un phénomène plutôt marginal : environ 2% de la population française dans une fourchette allant de 300000 à 1000000. Pendant l’occupation les Français étaient préoccupés par leur survie : se nourrir, se chauffer. La résistance étrangère ( FTP MOI en particulier ) en fut une composante majeure : 10% des effectifs des immigrés entrèrent en résistance.
Dès les premiers jours de l’occupation la résistance prend la forme de distribution de tracts, diffusion de journaux clandestins, collage de papillons. Ici, à Dijon, on pense bien sûr à René ROMENTEAU et à ses camarades fusillés le 7 mars 1942. Puis les actions se radicalisent avec la lutte armée, actions individuelles ou de petits groupes avant la constitution des maquis essentiellement à partir de 1943 et l’instauration du S.T.O.
La résistance commence avec la débâcle de l’armée française . Des citoyens ordinaires se chargent après l’armistice de faire passer juifs, prisonniers évadés vers la zone dite libre. De quelques centaines d’engagés en 40, les effectifs grimpent en flèche avec l’instauration du STO en 43. Les jeunes gens entrent en clandestinité autant pour se battre que pour échapper à la servitude. Les femmes sont impliquées dès le début de l’occupation ,très engagées malgré le peu de place que les groupes masculins leur laissent. Elles sont cantonnées à des rôles subalternes de messagères , de ravitailleuses. Mais certaines se hisseront au niveau combattant, les armes à la main ( Danielle CASANOVA ou plus près d’ici ANNA du maquis Gorki, Christine PERCERET du maquis Bourgogne, fusillée 2 jours avant la Libération. ).
En Côte d’Or, sur une population d’environ 335000 habitants en 1940 on compte près de 1000 déportés dont plus de la moitié ne sont pas revenus. Plus de 400 résistants sont fusillés ou morts les armes à la main. Ces chiffres témoignent de l’importance de la résistance en Côte-d’Or, avec le maquis Liberté qui fédère nombre de petits maquis plus ou moins isolés. Des résistants arrivent de partout du département et même de plus loin : Lantenay, Charmoy, Savranges, Beire-le-Châtel et même de Carcassonne. Le maquis se renforce à l’annonce du débarquement, avec l’arrivée d’armes grâce au commando britannique de John WIESMAN. Le groupe s’installe à la ferme du Lezeu, au-dessus de Fleurey-sur-Ouche où il est attaqué le 30 juillet 44 par des miliciens. Le maquis se défend efficacement grâce aux armes parachutées puis se replie sur le QG du commando anglais à la ferme de Rolle. En août le maquis liberté fort de 1000 hommes rejoint les FFI. Le 11 septembre le maquis entre à Dijon.
L’action du maquis Liberté est représentative de l’action des nombreux autres maquis ou compagnies de la Côte d’Or ( Pierre SEMART, BONAPARTE, Du GUESCLIN, etc. )
Pour donner une idée de l’impact des mouvements de résistance français et étrangers, une idée qui ne soit pas entachée par une suspicion de mythe, on peut se référer à 3 sources :
– Le général MARSHALL ( celui du plan Marshall ) : “ La résistance a dépassé toutes nos prévisions. C’est elle qui, en retardant l’arrivée des renforts allemands et en empêchant le regroupement des divisions ennemies à l’intérieur, a assuré le succès de nos débarquements. “
–Le général EISENHOWER estime que l’action de la Résistance équivaut à celle de 15 divisions soit l’armée de MONTGOMERY à El – Alamein : “ La marche des renforts allemands fut rendue lente et hasardeuse par les efforts combinés des aviations alliées et des patriotes français . “
–Le colonel Lothar RENDULIC, historien du 3e Reich : “ L’histoire des guerres ne connaît aucun exemple où les partisans ont joué un rôle aussi grand que dans la 2e guerre mondiale par son envergure, ce mouvement représente quelque chose de nouveau dans l’art militaire… Il est devenu une partie de la notion de guerre totale. Le mouvement des partisans a influé sur le caractère de toute la 2e guerre mondiale. “
Si les alliés avaient libéré la France seuls, le pays se serait retrouvé sous administration américaine. L’action de la Résistance a permis à la France de garder son indépendance vis-à-vis de ses alliés. Mais nous ne sommes plus à l’heure de nous endormir sur les lauriers de la Résistance car :
“ Le ventre est encore fécond d’où est sortie la bête immonde . “ Berthold BRECHT
JP et Maryse LANGUET
Sources :
- Archives départementales de la Côte d’ Or
- “ Résistance en Côte d’ Or “ de Gilles HENNEQUIN
- “ Les Cahiers du Lezeu “ N° 3 – Edition 2014