Comme les autres, la section de Blaisy-Bas est confrontée à la disparition progressive de ses anciens combattants, de tous ces anonymes qui, depuis plus d’un siècle, cultivent le souvenir de leurs compagnons d’arme et des soldats disparus au cours des guerres passées. Leurs rangs se font plus clairsemés lors des cérémonies d’hommage, heureusement compensés par la présence de simples citoyens, des enfants des écoles et des corps constitués. Ici, ce sont les pompiers volontaires qui encadrent désormais les cérémonies du souvenir dans les quatre communes dont ils ont la charge. Et la section a ouvert ses instances à des sympathisants, aujourd’hui presque majoritaires, convaincus de la nécessité de continuer l’œuvre mémorielle, comme porte-drapeau ou comme pédagogues de l’Histoire. Des recherches récentes sur les « Morts pour la France » de la commune ont permis de sortir de l’oubli le nom d’un de ses enfants qui devrait être inscrit enfin sur le monument du souvenir, pour le 11 novembre prochain.
Adrien MATHIEU, « tué à l’ennemi » en août 1918
Il s’appelait Edouard Adrien Lucien Honoré MATHIEU, né à Blaisy-Bas en 1882, mort à 37 ans des suites de ses blessures sur le champ de bataille, le 29 août 1918, quelque part dans l’Aisne. Blaisy-Bas n’avait pas gardé trace ce combattant particulier car il avait quitté la commune pour le séminaire, puis la prêtrise en 1906. Il était le curé de Blagny-sur-Vingeanne lorsque, en 1917, il a été « récupéré » (selon la terminologie de l’époque) comme combattant et envoyé sur le front où il sera « tué à l’ennemi » au cours de « l’offensive des Cent-Jours » qui prendra fin avec la signature de l’armistice. Le nom d’Adrien MATHIEU figure en toute discrétion sur la stèle de la commune de Côte-d’Or où il avait exercé son ministère. Sous réserve d’une délibération du conseil municipal de Blaisy-Bas, il rejoindra dans quelques jours, le monument où sont inscrits les quinze enfants de la commune morts pour la France au cours de la 1ère guerre mondiale.
Le travail de recherches historiques mené ici s’est intéressé aussi à ces quinze soldats tombés au combat car, si leurs noms sont inscrits dans la pierre, leurs trajets personnels se sont perdus dans la nuit des temps. Ils ont été de toutes les batailles ou presque : Arras, le Donon, le Climont, le Bois-Brûlé, Raon-l’Etape, Ypres, Soissons, l’Artois, les Eparges, la Somme, Verdun, le Bois-des-Loges, l’Ailette… Ont-ils une sépulture ou leur corps a-t-il été enseveli sous les bombes ? Les enfants peut-être nous le dirons, s’ils veulent poursuivre ces recherches dans le cadre scolaire afin de se forger une mémoire, eux qui n’ont heureusement pas de souvenir de guerre. C’est l’un des objectifs de la section de Blaisy-Bas que d’entreprendre un travail de cette nature avec les professeurs de l’école élémentaire.
Le devoir de mémoire sous diverses formes
La section des Anciens Combattants de Blaisy-Bas compte à ce jour 22 adhérents ainsi répartis : 9 membres actifs (8 anciens d’Algérie et 1 OPEX), 3 veuves de combattant et 10 sympathisants. Peu à peu s’organise un transfert de charges entre les anciens combattants et des sympathisants qui occupent désormais des fonctions de secrétaire, trésorier, maître de cérémonie et porte-drapeau. Une mutation inéluctable avec laquelle se dessinent de nouvelles formes d’évocation du souvenir auxquelles sont associées les générations qui ont toujours connu la paix sur le sol national.
Mais, dans notre campagne bourguignonne où tant de sections sont contraintes à jeter l’éponge (faute de combattants, si l’on peut se permettre une telle expression), Blaisy-Bas veut cultiver la mémoire collective et honorer le rendez-vous annuel des commémorations. De sorte que le nom de tous ces jeunes gens, tombés pour la patrie, soit encore et toujours cité comme témoin de l’Histoire de notre pays.
Remerciements
Nous adressons tous nos remerciements :
- À M. Jacques DELFERRIÈRE de Trouhaut qui a sorti l’Abbé MATHIEU de l’oubli, permettant ainsi à la commune de Blaisy-Bas de reconnaître un de ses enfants.
- À Mme Martine CHAUNEY-BOUILLOT, docteur en Histoire, pour nous avoir facilité l’accès aux archives diocésaines. Nous avons pu ainsi prendre connaissance de différentes publications dirigées par le Chanoine Edmond BURTEY et copie de la correspondance que lui avait adressée l’Abbé MATHIEU depuis le front.
Pierre PERAN