Vincent MOROSINI – OPEX

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Vous avez dit ancien combattant ?

       Eh bien oui ! ancien combattant et OPEX, fier d’avoir servi la France durant plus de 16 ans par des engagements opérationnels, sanitaires, de protection des populations civiles, avec les soldats du feu ou dans les opérations humanitaires, ce pilote d’hélicoptère à consenti à dérouler pour nos lecteurs sa brillante carrière.
Aujourd’hui adhérent de l’association des A.C.V.G. de Longvic en Côte d’Or, il illustre parfaitement le profil des combattants des opérations extérieures qui retrouvent la vie civile à l’issue de carrières courtes. Ceux-ci apportent par leurs expériences un témoignage sur la réalité et la diversité du monde combattant actuel.
Il est de l’intérêt pour nos associations d’être à leur écoute.
Laissons-le parler.      
« Je m’appelle Vincent MOROSINI. Je suis né le 19 juillet 1965 à Dijon et je réside actuellement à Longvic…
Mon Baccalauréat D en poche et après environ 1 an de tests de présélections passés à Dijon, puis pendant les « 3 jours » à Mâcon, puis la visite médicale d’admission pilote à Paris Ballard et enfin les tests de sélections pilote pendant 3 jours au château de Vincennes,  je retourne, à l’été 1986, au Centre d’information de l’Armée de Terre de Dijon qui m’annonce officiellement que je suis admis dans la branche 09 pilote à l’ENSOA de St Maixent-l’Ecole le 28 octobre 1986.
28 octobre 1986, arrivée de nuit à l’Ecole Nationale des Sous-Officiers d’Active de St Maixent et début de la formation militaire au 1er bataillon, 12°compagnie, 121°section, 121°promotion, promotion sergent-chef Perret.
24 avril 1987, départ de l’ENSOA avec le grade de maréchal des logis pour l’ESALAT de Dax. Arrivée à l’Ecole de Spécialisation de l’ALAT de Dax le 27 avril 1987 pour la formation de pilote hélicoptère sur Alouette 2, stage 2PH87.
30 octobre 1987, obtention de mon brevet  de pilote hélicoptère et annonce de mon affectation pour le 1er RHC de Phalsbourg en Lorraine.
Pas de chance, je pensais me retrouver en Allemagne. Je reste à Dax et passe de l’autre côté de la piste pour ma transformation sur hélicoptère Gazelle SA341 jusqu’au 27 novembre 1987. Le lendemain avec ma cantine, je pars avec un collègue pilote dans sa voiture pour le Luc-en-Provence à l’EAALAT pour la transformation de pilote de combat. Stage 7PCHL87 pour la formation au vol tactique. Après obtention de ce stage j’arrive au 1er RHC de Phalsbourg le 21 décembre 1987. L’officier de permanence m’annonce que je serai pilote sur Gazelle SA342 Hot à la 4°escadrille anti-char (4° EHAC).
C’est au sein de cette escadrille que je commencerai vraiment à apprendre mon métier de pilote de combat. Métier qui consiste à arrêter ou tout du moins freiner les divisions blindées soviétiques qui  à travers la RFA fonceraient vers la France. D’après le commandement, si une telle chose arrivait, l’ALAT dont je fais partie aurait 3 jours maximum d’espérance de vie…
Mars 1988, exercice dans les Alpes à Gap,
Avril 1988, stage à la base de l’aéronavale de Saint Raphaël pour le stage survie en mer et la fameuse «gloute» en piscine.
21 juillet 1988, mon lâché mission, seul avec un mécanicien pour un vol vers l’héliport de Paris Issy-les- Moulineaux, ravitaillement intermédiaire à St Dizier et découverte du circuit hélicoptère parisien, moi un peu crispé aux commandes et la carte de navigation dans les mains de mon mécanicien.
Du 14 avril au 2 juin 1989, retour à Dax pour le stage VICAM (vol aux instruments sur Gazelle) ; sorti avec mention très bien.
Juillet 1989, entraînement puis défilé du 14 juillet 1989 à Paris pour le bicentenaire de la Révolution. Mon premier défilé à Paris, grande fierté !
Du 8 janvier au 2 mars 1990, stage d’anglais à l’Ecole Interarmées du Renseignement et des Etudes Linguistiques de Strasbourg ; obtention du CMLP1 anglais.
Du 19 avril au 26 avril 1990, qualification appontages sur le porte-avions Clémenceau. Toute cette période sera entrecoupée de manœuvres et exercices divers.
2 août 1990, l’Irak envahit le Koweït.
9 août 1990, le président François Mitterrand annonce l’envoi du porte-avions Clémenceau transportant le 5°RHC de Pau (30 Gazelle et 12 Puma).
Le 28 octobre 1990, départ pour le Golfe Persique d’une grosse escadrille anti-char constituée par les 4°et 5° EHAC de Phalsbourg pour venir renforcer le 5°RHC déjà sur place (opération Daguet). Je fais partie des pilotes, on me l’a annoncé environ 4 jours avant, juste le temps de me préparer, de me faire vacciner et de préparer le matériel. Durée prévue de la mission 4 mois minimum. Le 28 nous prenons le bus jusqu’à Paris pour passer la nuit dans un centre de transit très vétuste.
Le 29 octobre matin, décollage en avion pour Istres (1h de vol) puis pour Yambu en Arabie Saoudite (5h de vol). Yambu, ville portuaire où nous allons attendre pendant 5 jours l’arrivée d’un bateau transportant nos hélicoptères. Les 3 premiers jours l’escadrille sera logée (environ 30 personnes) dans une des villas qui servent pour les coopérants étrangers à quelques kilomètres de Yambu. Dépaysement complet avec des températures entre 35 et 40°C la journée et 25°C la nuit. Nous en profitons pour visiter la ville et nous baigner, encadrés par des soldats saoudiens ou la police. Puis les 2 derniers jours nous serons logés avec des légionnaires dans des hangars surchauffés sur le port. Nous sommes environ 600 avec quelques WC et douches.
Le 3 novembre, le bateau arrive et nous débarquons nos hélicoptères.
Le 4 novembre, levé 5h pour un décollage à 7h pour le camp du roi KHALED  (KKMC King Khaled Military Camp) situé à environ 1100 km  dans le nord-est de Yambu. Traversée du désert d’Arabie avec 3 ravitaillements intermédiaires en kérosène. KKMC est un immense camp (environ 50 km sur 70 km) avec une grande ville flambant neuve qui abrite aussi des soldats américains, saoudiens et koweïtiens. Nous serons logés avec le 5°RHC dans un immeuble-logement juste à côté de la principale mosquée à 10 par chambre. Des gardes saoudiens sont dans l’immeuble pour nous surveiller. Nous devons nous plier aux lois musulmanes ( interdit de prendre des photos, secteurs interdits aux non-musulmans, porc et alcool interdits, croix interdites à porter même celles sur les véhicules sanitaires et les trousses de secours, manches courtes et short interdits sauf pour le sport, pas de femmes militaires françaises, ne pas regarder les femmes si on en croise en ville, etc.…).
Les premiers jours, réveil à 5h à l’appel du muezzin ; on s’y habitue ! Nous allons rester dans ce camp à attendre, à faire du sport, à faire des vols de reconnaissance et à subir les alertes chimiques SCUD jusqu’à la veille du 17 janvier 1991, date du début de l’opération Désert Storm (tempête du désert) avec les frappes aériennes.
A partir du 7 décembre 1990, le 5°RHC est relevé par le 3°RHC d’Etain ; mon escadrille y est donc rattachée. Pour Noël, Jean-Pierre CHEVÈNEMENT, ministre de la défense vient nous voir et la messe a été dite de façon clandestine sous tente dans le désert. Eddy MITCHELL doit nous produire un concert dans le désert à l’écart du camp, mais il sera annulé au dernier moment par les Saoudiens car non conforme à l’Islam d’après les informations obtenues. Nous écoutons de plus en plus RFI pour connaître les avancées des négociations avec Saddam HUSSEIN.
Le 14 janvier 1991 au soir, au « coup de sifflet », nous quittons KKMC pour le désert.
Le 22 nous sommes positionnés à environ 40 km de la frontière irakienne. Jusqu’au 24 février 1991 date de l’attaque terrestre nous sommes d’alerte 24h/24 ; nous faisons des vols de reconnaissances, nous subissons les alertes chimiques SCUD de plus en plus nombreuses ; nous écoutons RFI pour connaître l’avancée des frappes aériennes et nous attendons sous nos tentes. L’eau et la nourriture sont rationnés mais heureusement nous continuons de recevoir les colis de nos familles qui améliorent bien l’ordinaire des 3 types de rations que nous avons (car le porc est toujours interdit). La température descend vers 10°C en journée et la nuit il gèle. Des trombes d’eau inondent nos tentes et nos couchages de temps en temps, et durant les tempêtes de sable, le sable pénètre partout dans nos vêtements, notre bouche, nos oreilles, nos rations, nos couchages…
Le 23 février, dans la nuit, nous nous préparons pour l’offensive terrestre ; décollage très tôt le 24. Aucune résistance des Irakiens devant nous, ils se rendent à notre seule vue après plus d’un mois de bombardements intensifs, complètement hébétés. Leur matériel est soit détruit soit abandonné mais nous tirons des missiles Hot2 au moindre doute. Au bout de 100 heures d’offensive nous recevons l’ordre de nous arrêter vers la ville d’As Salman à environ 150 km à l’intérieur du territoire irakien.
Du 28 février au 25 mars, nous resterons là, sous nos tentes, dans les mêmes conditions qu’auparavant avec les alertes en moins.
Du 26 mars au 5 avril, nous retournons en Arabie Saoudite sous tentes individuelles cette fois à environ 30 km au sud de KKMC. Avec des températures approchant les 40°C, impossible de rester sous nos tentes, il y fait trop chaud.
Nous retournons, du 6 au 9 avril, au port de Yambu pour embarquer avec nos hélicoptères sur le TCD Foudre et le 10 nous appareillons pour la France.
Nous débarquons à Toulon le 16 avril 1991 et vers 15h, le même jour, l’escadrille se posera sur la base de Phalsbourg devant nos familles heureuses avec un accueil chaleureux du régiment et de toute la population.
Reprise des affaires courantes. Août 1991 je reste un mois à Nancy pour encadrer des appelés qui veulent passer sous-officier. A mon retour j’apprends que ma demande pour passer sur Puma est retenue.  Je me présente le 28 octobre 1991 au Luc-en-Provence à l’EAALAT pour ma transformation Puma. Pour moi le 28 octobre est devenu une date marquante ! J’en ressors le 20 décembre 1991 avec ma qualification Puma.
Retour à l’EAALAT du 8 février au 5 mars 1992 pour ma qualification sur jumelles de vision nocturne (JVN). A mon retour j’apprends ma mutation pour le 1er août 1992 au 4°RHCM de Pau comme pilote Puma alors que je devais à l’origine rester à Phalsbourg. Juin 1993 j’obtiens mon Certificat Militaire du 2° degré à St Maixent-l’Ecole.
19 juillet 1993, après 4 jours d’attente à Angers, je pars de Nantes en DC8 pour relever les équipages du 4°RHCM au Cambodge. Je fais une escale de deux heures à New Dehli puis un posé en Thaïlande à Utah Pao pour monter dans un Transall français afin de pouvoir atterrir à Phnom Penh. Je suis « casque bleu » sous l’autorité provisoire des Nations Unies au Cambodge (APRONUC). Nous devons surveiller les Khmers Rouges pour que l’élection démocratique se déroule normalement, sans conflits (elle mettra au pouvoir le roi Norodom SIHANOUK  le 24 septembre 1993).
J’arrive sur l’aéroport de Phnom Penh le 20 juillet, il fait 35°C avec de l’orage. Le détachement ALAT est logé dans une villa dans les faubourgs de la capitale à environ 30 minutes en voiture de l’aéroport. Je partage ma chambre climatisée avec 2 autres pilotes. Nous montons des alertes MEDEVAC (évacuation sanitaire) de 24h sur l’aéroport avec des convoyeuses de l’armée de l’air ; nous sommes les seuls capables de faire ces évacuations sanitaires jour et nuit par tous les temps.
Nous effectuons également des vols de reconnaissances le long de la frontière vietnamienne et thaïlandaise et des vols de liaisons et ravitaillements vers les différentes positions des casques bleus à travers le pays. Les vols se passent le plus souvent à plus de 1000 m de hauteur pour éviter les tirs de petit calibre des Khmers Rouges. Nous transportons aussi différentes autorités venues en inspection qui se termine invariablement par la visite des temples d’Angkor. Le reste du temps se passe dans notre villa, à faire du sport ou à profiter de Phnom Penh. Le pays est magnifique et la population très accueillante. Je profite de 10 jours de vacances pour me rendre à Bangkok du 23 au 26 août, puis à Phuket du 26 au 29 août, et pour finir à Singapour du 29 août au 1er septembre.
Au retour, je reprends mes vols routiniers entrecoupés de séjours de 3 semaines au détachement de Battambang. La météo est de plus en plus à l’orage. Les missions se terminent souvent de nuit sous des trombes d’eau avec les JVN. Une des missions commencée en fin de journée à Sihanoukville au niveau 120 (3600 m d’altitude) se termina à Phnom Penh de nuit sous un gros orage à 150 m sol par guidage radar de notre armée de l’air et avec les JVN.
Fin octobre démontage du détachement. Nous commençons à mettre en caisses et en containers le matériel et convoyons un à un nos hélicoptères vers Sihanoukville pour qu’ils soient embarqués sur un bateau vers la France. Les vols se font donc de plus en plus rares.
Le 14 novembre, je décolle de l’aéroport de Phnom Penh en Hercule C130 pour Utah Pao puis le 15 novembre 1993 en Boeing 747 pour Paris avec escale à Abu Dhabi. Ce séjour reste celui que j’ai le plus apprécié.
Samedi 27 mai 1995, je suis au Mac Donald de Pau. Un pilote venu y déjeuner en combinaison de vol avant de rejoindre l’escadrille m’apprend que l’on embarque le lendemain matin à 8h à Toulon sur le porte-avion Foch pour la Bosnie.
On a essayé de me joindre avec le bip EVS (j’étais d’alerte EVS) mais celui-ci n’a pas fonctionné. Je passe l’après-midi à percevoir le matériel, l’armement et à assister au briefing du commandant.18h30, je peux enfin rentrer chez moi préparer mes affaires. Je suis étonné d’être dans les équipages partants car il y a quelques semaines mon commandant m’avait convoqué dans son bureau pour me signifier mon interdiction de partir Outre-Mer à cause de mon stage commandant de bord (CT2) à L’EAALAT en fin d’année. Deux départs en Afrique m’ont été refusés pour cette raison. D’après mon commandant c’est une mission d’environ trois semaines qui ne peut pas être comparée à un séjour habituel de 2 mois.
Dimanche 28 mai, 9h, décollage pour la base du Luc-en-Provence pour s’y poser à 11h30. On attend sur les parkings tout l’après-midi, ordre puis contre-ordre puis ordre et enfin bordel… On définit les Puma qui iront sur le Foch et ceux sur le Foudre. 17h30 je me pose sur le Foch à Toulon, il y a plein de commandos et de légionnaires. 19h, départ du Foch. Je suis logé dans une « chambre » de 80 marins sous la catapulte du pont d’envol. J’ai enfin trouvé mon lit à 23h.
29-30-31 mai, traversée pour atteindre les côtes yougoslaves.  On a profité de ces 3 jours pour percevoir le matériel ONU (gilet pare-balles et casque), pour s’entraîner aux appontages et assister à des briefings. Notre mission appelée « Balbuzard Noir » est en relation avec la prise en otage le 27 mai 1995 de « casques bleus » par les Serbes de Bosnie, pour les utiliser comme « boucliers humains » contre les raids de l’OTAN. Notre mission, les délivrer.
Jeudi 1er juin, le Foch fait ses premiers ronds dans l’eau en Adriatique suivi du pétrolier ravitailleur Meuse, de la frégate anti-aérienne Duquesne, des TCD Ouragan et Foudre remplis d’hélicoptères et de commandos.
Dimanche 4 juin, nous ne savons rien de plus et nous continuons à faire des ronds dans l’eau. Je fais ma première mission,  « slinguer » des palettes de salade, de légumes et fruits de la Meuse vers le Foch, puis le soir je passe ma qualification appontage nuit claire sur porte-avion (qualification 3.2), puis le 9 juin celle sur la Meuse (qualification2.2). Les missions « sling palette» continuent.
Lundi 12 juin, on décolle pour l’aéroport de Brindisi en Italie. Je me pose avec les deux voyants bas niveaux carburant allumés ; le Puma leader s’était un peu perdu en prenant un mauvais cap !
Jeudi 15 juin, l’Ouragan rentre en France avec ses 6 Puma et 4 Gazelle, et décollage du Foch de 5 Puma pour la France.
Vendredi 16 juin, message d’alerte ; l’Ouragan fait demi-tour.
Mardi 20 juin, les commandos vont sur le Foudre et les Puma du Foudre sur le Foch.
Mercredi 21 juin, escale à Trieste.
Mercredi 28 juin, appareillage de Trieste. Je décolle suivi d’un autre Puma pour l’aéroport de Trieste. L’autre Puma touche avec une pale un poteau d’éclairage au roulage puis se renverse et prend feu. 1 mort et le Puma est détruit. Jeudi 29 juin : une commission d’enquête pour l’accident arrive sur le porte-avion.
Lundi 3 juillet, entraînement à Ancône. Vers 22h30 retour vers le Foch en JVN ; problème avec le contrôle qui nous fait attendre longtemps et nous fait apponter à minuit par nuit noire.
Dimanche 9 juillet, re-escale à Trieste.
Mardi 11 juillet, nous apprenons notre départ rapide pour la Croatie. Puis ordres, contre-ordres, ordres et préparation du matériel.
Mercredi 12 juillet, décollage du Foch à quai pour Ancône puis Amendola. Ensuite on attend l’autorisation de se poser en Croatie. Fin d’après-midi nous décollons pour Plôcé en Croatie, traversons la Mer Adriatique et nous posons à 19h dans une zone portuaire industrielle à moitié désaffectée. Des Puma venus de France s’y posent avec nous.
Jeudi 13 juillet, nous apprenons que nos hélicoptères sont cloués au sol (par ordre des Croates ?). On attend sous nos tentes, il fait chaud, on boit beaucoup, on s’ennuie et en plus nous sommes obligés de rester dans un périmètre autour des tentes.
Samedi 15 juillet, le général SOUBIROU nous annonce que les Puma de « Balbuzard Noir » vont rentrer sur le Foch.
Lundi 17 juillet, 18h30, nous décollons pour le Foch qui rentre en France.
Jeudi 20 juillet à 7h30, arrivée en rade de Toulon et à 9h nous décollons pour Pau.
Octobre 1995, me revoilà parti pour L’EAALAT du Luc pour mon stage commandant de bord Puma. Obtention du diplôme le 15 décembre 1995.
19 février 1996, j’arrive à Bangui en République de Centrafrique.
21 février, je décolle pour le camp d’Awakaba au milieu du pays, en pleine savane et en pleine réserve animalière. C’est ici que le président BOKASSA recevait les chefs d’états étrangers pour des safaris. Il ne reste plus que des villas abandonnées et une piste d’atterrissage en dur de 2700 m de long au milieu de rien. Il fait plus de 40°C à l’ombre et au soleil je ne sais pas car les graduations s’arrêtent à 55. Trois jours avant, j’étais à Paris avec 0°C et de la neige. Il y a un équipage Puma et un groupe de parachutistes. Notre mission : protéger les animaux des braconniers et les quelques ONG  européens contre les bandits. Nous logeons sous tentes entourés de barbelés pour nous protéger des lions, hyènes et autres singes. Nous y sommes restés une semaine environ. Nous sommes intervenus une fois pour venir en aide à des européens mais trop tard.
Lundi 4 mars, je fais une évacuation sanitaire(EVS) dans le nord : un gendarme local a reçu une balle dans le ventre par des bandits de grands chemins ; 6 h de vol et retour en JVN à Bangui. Le 13 au soir, je refais une EVS à Zimba dans le sud de Bangui sous JNV : crise de paludisme d’un soldat français. On arrive sur les lieux sous un gros orage, notre phare d’atterrissage est grillé, on se pose entre les arbres à la lueur des éclairs car avec cette nuit noire et cette pluie diluvienne, les JVN sont inopérantes.
Dimanche 17 mars, je décolle pour Gordil dans un autre parc national dans le nord-est à trois heures de vol de Bangui. Je vais y rester environ 1 semaine avec un groupe de paras français pour protéger la population locale contre des bandes armées venues du Soudan qui viennent aussi braconner. Le 18 mars nous n’avons plus d’eau et de nourriture. Nous avons décollé de Bangui avec aucune réserve car pour le commandement tout était sur place avec les paras, et les paras comptaient sur nous pour les ravitailler !  Malgré les ordres contraires de Bangui nous décollons pour le camp d’Awakaba pour chercher vivre et eau auprès d’autres paras ravitaillés, eux, par Transall. Un soir, une petite pluie d’orage se met à tomber ; nous nous réjouissons car cela fait bien baisser la température, mais au bout de quelques minutes tous les insectes (araignées, scorpions, scolopendres…) sortent du sol pour boire ; il y en avait partout qui grouillaient, jusque sur nos couchages.
Vendredi 22 mars, retour à Bangui et dimanche 24 mars décollage en Transall pour Yaoudé au Cameroun. Je vais relever un équipage. Je passe de la savane à la forêt tropicale.
Samedi 13 avril, nous décollons en Puma pour Douala. Cette ville est beaucoup plus vivante que Yaoundé.
Vendredi 19 avril, je reviens à Bangui et le mardi 23 avril 1996 je décolle en Airbus pour Paris.
Du 5 août au 20 août 1996, me revoilà au Luc-en-Provence pour monter l’alerte « feux de forêts » avec mon Puma. Vacances !
Lundi 7 octobre 1996, 8h, décollage pour l’aéroport de Bangui M’Poko, et me revoilà ! Les premiers jours, re-acclimatation, re-prise de paludrine qui me fait re-vomir pendant quelques jours puis vols d’entraînement et de liaison, vols JVN (jumelles de vision nocturne) et alertes EVS (évacuation sanitaire). La routine !
Mardi 12 novembre, je décolle pour Bouar à 450 km au nord-ouest de Bangui, 1h45 de vol, pour une relève équipage. Nous sommes logés dans une petite villa gardée par un pygmée avec son arc et ses flèches, à côté du camp français. Bouar est à une altitude d’environ 1000m ce qui rend l’atmosphère plus fraîche et donc moins suffocante qu’à Bangui ; le séjour y est beaucoup plus plaisant.
Vendredi 15 novembre, la tension est encore montée à Bangui et une mutinerie éclate (3ème  depuis le début de l’année). Une grande partie des militaires du camp de Bouar partent pour Bangui. Les mutins appartiennent à l’ethnie de l’ancien président André KOLINGBA, battu par l’actuel président Ange-Félix PATASSÉ soutenu par la France. En cause : le non-paiement des arriérés de salaires, qui seront ensuite payés par la France. De violents affrontements ont lieu entre mutins et loyalistes. A Bouar je fais beaucoup de vols (entraînement, JVN, liaison, surveillance, EVS et tir canon de 20 mm monté en sabord du Puma).
Lundi 9 décembre 1996, retour en vol de nuit sous JVN à Bangui M’Poko. La tension est encore montée et nous sommes en alerte sur la base avec armement, casque, gilet pare-balles et avec interdiction de sortie hors missions. Des renforts (légionnaires, paras, commandos…) sont arrivés de France et du Tchad pour « verrouiller » la capitale, contrôler les points névralgiques et évacuer par air les ressortissants européens depuis des lieux sécurisés (ambassade, Novotel, aéroport…). Des mirages F1 décollent pour survoler la capitale en basse altitude pour « faire baisser les têtes » et un Puma « canon » est amené à tirer dans Bangui. C’est l’opération Almandin 3. Cette guerre civile ponctuée de trêves et de poussées de tension se poursuivra encore après mon départ de Bangui le mardi 31 décembre 1996 pour Nantes puis Paris.
1er janvier 1997, je passe enfin Maréchal des Logis-Chef !!! Après 9 ans et 9 mois de maréchal des logis. Comme m’a dit mon commandant « Tu es commandant de bord Puma depuis plus d’1 an avec toutes les qualifs (jour, nuit, JVN, IFR, appontages jour-nuit petites et grandes plates-formes), le commandement ne pouvait plus te bloquer ».
Sinon, pour l’année 1997, c’est le train-train des missions et des manœuvres en France.
Lundi 12 janvier 1998, je pars avec le reste de la relève pour la mission Aramis au Cameroun due aux tensions entre le Cameroun et le Nigéria à cause de la présence militaire de cette dernière sur la presqu’île camerounaise de Bakassi. Un Puma de l’escadrille nous dépose à Poitiers où un Transall nous attend. Cause problème technique, nous embarquons le 14 janvier.  Sa soute est pleine à « craquer » de personnel, d’une multitude de palettes variées et même d’un réacteur de mirage F1. La place manque pour allonger nos jambes et mettre nos sacs. Ravitaillement en vol au-dessus de l’Espagne car avec le poids du chargement on a décollé avec peu de kérosène. Première escale, Las Palmas aux Îles Canaries pour ravitaillement en kérosène après 6h de vol. 22h30 seconde escale à Dakar au Sénégal après 4h de vol pour y passer la nuit.
Jeudi 15 janvier, décollage au lever du jour pour Abidjan en Côte-d’Ivoire après 5h de vol où nous déjeunons. Arrivée de nuit à Douala au Cameroun après 4h de vol ; nous débarquons et le Transall redécolle pour son terminus Libreville, au Gabon. Début de l’acclimatation à un temps chaud, au moins 30°C et très humide. Nous sommes logés dans une villa à environ 10 minutes à pied de l’aéroport de Douala où sont stationnés nos Puma.
Notre mission consistera surtout pour ces 2 mois à assurer une présence française par liaisons et reconnaissances et à ravitailler les différents détachements français présents dans le pays.
Les vols sont souvent difficiles à cause d’un plafond nuageux bas. Certains détachements étant positionnés sur des pitons noyés dans les nuages, nous devons, à l’arrivée au pied du relief, voler « aux pas », de repères en repères pour pouvoir nous poser sur le plot dans le nuage. Ce séjour fera partie de ceux que j’ai le plus appréciés.
Jeudi 19 mars 1998, retour en France, cette fois-ci en airbus.
A mon retour à Pau, j’apprends que je suis muté le 3 août 1998 au 1er RHC à Phalsbourg ; je reviens à mes origines !
Juillet 1998, mon futur commandant d’escadrille au 1er RHC me téléphone à Pau pour m’annoncer mon départ en septembre et octobre pour 3 semaines à la base aéronavale de Lanvéoc-Poulmic  pour ma formation marine. J’ai été « retenu par défaut » pour partir sur la Jeanne d’Arc en novembre, les autres pilotes présents, eux, à Phalsbourg, ayant choisi le séjour au Cameroun.
Jeudi 29 octobre 1998, je décolle de Phalsbourg sous la pluie avec mon Puma et direction Lanvéoc via Orléans. 18h30, j’apponte  sur la Jeanne d’Arc avec 1 autre Puma et 2 Gazelles. Nous sommes mieux logés que sur le porte-avion, je suis dans une chambre de 12. Cap sur Baltimore.
Vendredi 6 novembre, tempête ; nous apprenons que nous mettons le cap sur le Honduras et le Guatemala qui viennent d’être balayés par le cyclone Mitch. Le président CHIRAC, actuellement au Mexique, doit y aller faire une visite le 15 novembre et utiliser nos hélicoptères. Nous avons juste le temps de nous y rendre pour cette date en traçant tout droit et plein «  gaz ». Sauf qu’entre nous et le Guatemala il y a le cyclone Mitch.
Samedi 7 novembre, 12h, nous rencontrons Mitch amoindri, vents de 180 km/h et creux de 17m. Un Puma est resté sur le pont, des déferlantes s’abattent sur lui, nous envoyons un mécanicien harnaché et retenu par une longe à plusieurs hommes resserrer ses amarres pour ne pas qu’il tombe à la mer. Le navire est en état d’alerte, de l’eau s’infiltre, des alarmes retentissent, nous sommes en gilet de sauvetage dans notre chambre, nous sommes secoués dans tous les sens, nous entendons les immenses vagues s’écraser sur le pont d’envol au-dessus de nos têtes. Nous ne devons pas sortir pour ne pas gêner les marins. De toute façon il est presque impossible de se déplacer sans tomber ou s’assommer tellement la gîte est importante. Dimanche 3h du matin, la tempête se calme. Au matin nous découvrons les dégâts sur la Jeanne ainsi que sur le Duguay-Trouin qui nous escorte. Nous avons eu de la chance de passer à si bon compte !
Samedi 14 novembre, nous jetons l’ancre à Puerto-Barrios au Guatémala. Début de l’opération humanitaire « Cormoran ». Nous emmenons le président Jacques CHIRAC faire ses visites. Puis nous transportons vivres, médicaments et médecins de la Jeanne vers les villages perdus dans les montagnes dans le centre du pays. Les villages sont coupés du monde, dévastés.
Jeudi 19 novembre, nous mouillons à Puerto-Cortes au Honduras et recommençons les mêmes missions. Nous quittons le Honduras le 22 novembre pour la Floride.
Le 25 novembre, nous accostons à Fort Lauderdale pour une escale technique.
Samedi 28 novembre, nous accostons à La Havane, Cuba. Nous y resterons jusqu’au 3 décembre 1998. Le président Fidel CASTRO en personne est venu sur la Jeanne d’Arc pour féliciter les équipages pour leur action humanitaire en Amérique Centrale. Il m’a personnellement serré la main.
Mardi 8 décembre, de 9h à 20h nous traversons le Canal de Panama pour nous retrouver dans le Pacifique.
Le 14 décembre, arrivée au Mexique à Acapulco ; nous y resterons jusqu’au 19 décembre, j’y passerai mon permis bateau. Nous passons Noël en mer.
Samedi 26 décembre, escale à San Diego pour ravitaillement en pétrole.
Mardi 29 décembre, nous passons sous le Golden Gate Bridge à San Francisco. Nous serons à quai à Fisherman’s Wharf devant Alcatraz. Nouvel An à San Francisco et départ le 4 janvier 1999.
Le lendemain, une fois au large, nous reprenons, comme d’habitude entre les escales, nos vols de surveillance et d’entraînement en nous dirigeant vers Hawaii. Durant un vol d’entraînement de nuit, j’ai été surpris par le brouillard et j’ai eu du mal à revenir apponter sur le navire.
15 janvier 1999, nous accostons à Pearl Harbor, Hawaii.
19 janvier 1999, la relève vient d’arriver pour les équipages ALAT ; je prends l’avion pour la France avec escale à Los Angeles et Atlanta. Arrivée à Paris le 21 janvier 1999. La Jeanne d’Arc continue vers le Japon.
24 mars 1999, début des frappes aériennes de l’OTAN contre la Serbie. Mars 1999 brutale répression exercée par les forces serbes et les paramilitaires au Kosovo. Ils organisent l’exode de centaines de milliers d’Albanais vers l’Albanie et la Macédoine.
Mercredi 7 avril, 15h, mon commandant m’annonce mon départ pour le lendemain pour l’Albanie. Ma mission : acheminer l’aide humanitaire aux réfugiés du Kosovo, mission humanitaire qui doit durer 2 à 3 semaines.
Jeudi 8 avril, 7h, je décolle pour Toulon. 15h j’apponte sur le TCD Orage et nous levons l’ancre à 20h30.
Lundi 12 avril, 8h, nous arrivons au large de Durres, Albanie. Nous décollons pour l’aéroport de Tirana. Nous serons logés sous tentes. La pluie, la boue et le froid seront mes compagnons.
Mardi 13, nous commençons le transport des palettes de fret humanitaire vers les villes de Fajza et Kukës à la frontière du Kosovo.
Comme nous n’avons que des rations de combat à manger, nous nous décidons après 2 semaines à « taper » dans les palettes de vivres que nous sommes chargés de convoyer. Toujours la pluie, les orages, la boue et le froid. Pas de douches, ni de toilettes, nous nous lavons à l’eau froide. Les vols commencent à varier ; je fais des liaisons vers le PC français à El Basan, des reconnaissances du pays, des évacuations sanitaires, des liaisons en Macédoine. Je transporte les envoyés spéciaux des grandes chaînes de TV françaises, Yann-Arthus BERTRAND aussi pour des photos.
Jeudi 29 avril 1999, visite du 1er ministre Lionel JOSPIN ; mais il ne daigne pas venir voir notre camp. Il y a de plus en plus d’Américains avec nous, des avions C17 de l’Air Force débarquent du matériel militaire tous les jours. Nos vols humanitaires s’espacent et nous nous orientons vers une logique de guerre ; nous recevons les plaques de blindage pour nos Puma. Mi-mai, il y a des orages fréquents, moins de boue et il commence à faire chaud. Notre camp commence à ressembler à quelque chose. Des douches sont arrivées, des toilettes aussi. Une « popotte » de campagne nous sert des repas : finies les rations après un mois et demi. Il y a même des machines à laver de campagne.
9 Juin 1999, Belgrade signe l’accord militaire sur le retrait des forces serbes du Kosovo.
10 juin, l’OTAN annonce l’arrêt des frappes aériennes. Les Américains commencent à se retirer d’Albanie. Et nous ?…  Il n’y a presque plus de vols ; nous avons transporté Bernard KOUCHNER et sa fille en visite. Juillet : les autres nations commencent à quitter l’Albanie ; il fait plus de 40°C sous ma tente, je m’ennuie et ne vole presque plus. Je ne comprends plus l’objet de ma présence ici et aucune information n’est donnée, ce qui n’arrange pas l’ambiance. Début août, départ des derniers Américains ; nous commençons à démonter le camp.
Jeudi 12 août, nous décollons pour la France via la Croatie et l’Italie.
Vendredi 13 août 1999, atterrissage à Phalsbourg, 4 mois et 5 jours après !
Retour à la vie courante avec des exercices divers. Juillet 2000, je suis de nouveau d’alerte « feux de forêts » au Luc-en-Provence.
Mercredi 10 janvier 2001, 6h, je prends le bus de Phalsbourg pour la base de Metz Frescaty. 11h, décollage de notre Transall pour Dubrovnik, atterrissage à 14h, puis bus jusqu’à Plôcé en Croatie pour notre base située au même emplacement qu’en 1995 (zone industrielle portuaire) mais avec une nette amélioration du cadre de vie.
Je ferai des vols de liaison vers Mostar, Sarajevo, du transport de généraux à travers la Bosnie, des évacuations sanitaires, des vols de soutien vers les différentes positions des soldats de l’OTAN. Les vols sont difficiles avec une météo d’hiver, dans des montagnes avec des reliefs à 2000m, de jour et de nuit sous jumelles de vision nocturne.
Mardi 27 février, je décolle pour Rajlovac vers Sarajevo pour monter l’alerte sanitaire ; il fait très froid (-10°C la journée). Retour à Plôcé dimanche 3 mars.
Lundi 12 mars 2001, je prends un C130 Hercule pour rentrer en France.
Lundi 3 septembre 2001 je décolle avec mon Puma pour le Luc-en-Provence pour monter l’alerte « feux de forêts ». A peine arrivé je redécolle pour la base de Solenzara en Corse, plusieurs feux de garrigue sont déclarés. Du 3 au 10 septembre je vole à travers toute la Corse, avec en soute mon groupe de pompiers de la Sécurité Civile et leur matériel, ou des bacs souples de 1200 litres sous le ventre pour éteindre les nombreux incendies.
Mercredi 28 novembre 2001, départ pour N’Djamena Tchad depuis Istres en DC8 cargo. Température à l’arrivée 39°C ; comme d’habitude acclimatation obligatoire ! Je monte les alertes EVS et fais quelques vols de reconnaissances.
Dimanche 9 décembre, décollage avec mon Puma pour un détachement à Abéché, pour des exercices avec des mirages F1 et de l’infanterie avec des tirs mortier.
Retour à N’Djamena le samedi 15 décembre. Noël et Nouvel An à l’escadrille à N’Djamena. Je reprends les alertes EVS, les vols d’entraînement et les vols d’exercices qui sont assez difficiles avec les tempêtes de poussière et la brume sèche, surtout de nuit sous JVN.
Début février, il y a des tensions en ville, les sorties y sont interdites ; je fais un vol pour Faya-Largeau, c’est une magnifique oasis au milieu du désert.
Jeudi 21 février 2002, retour en France.
Lundi 6 mai 2002, je décolle de l’aéroport de Metz-Nancy Lorraine en Airbus A300 pour Skopje en Macédoine (2h15 de vol) ; puis ensuite je prends le bus pour me rendre à Plana (sud de Metrovica) au Kosovo, lieu du détachement ALAT (2h30 de route). Arrivée à 23h. Les équipages sont logés dans une ancienne prison et nos chambres sont les anciennes cellules. Je serai le commandant de bord du Puma du général VALENTIN (4 étoiles), COMKFOR (Commandant de toutes les forces du Kosovo). Mon premier vol avec lui commence dès le mercredi 8 mai. Ce poste me permettra durant tout mon séjour d’assister à de nombreuses cérémonies, réunions entre généraux étrangers et autres représentations diplomatiques aux 4 coins de la province et de survoler le Kosovo de long en large. Je monte aussi les alertes EVS comme le jeudi 16 mai où j’évacue 1 blessé couché et 2 blessés assis, du camp français de Métrovica vers l’aéroport de Skopje en Macédoine, pour qu’un Transall les évacue vers la France, ou un autre jour pour un « coup de chaleur » sur le même itinéraire de nuit sous JVN.
Lundi 20 mai 2002, avec 4 Puma nous transportons, avec le général, la nouvelle ministre de la défense Michelle ALLIOT-MARIE, par un temps exécrable, pluie et orages. En plus de ces missions j’effectue des vols au profit des autres armées étrangères pour le maintien de la paix ; ce sont souvent des héliportages de commandos dans des villages qui sont soupçonnés de cacher des armes.
Lundi 10 juin, je décolle pour Durres en Albanie pour récupérer 6 personnes. Je ravitaille en kérosène sur l’aéroport de Tirana. Souvenirs, souvenirs ! Un hangar vide est maintenant à l’emplacement de ma tente ; à 17h décollage sous la pluie pour rentrer au Kosovo.
Mardi 9 juillet 2002 retour en France en Transall (4h de vol) depuis Skopje vers Istres où un hélicoptère Cougar nous attend pour Phalsbourg via la base ALAT d’Etain. Décès de mon grand-père durant le séjour, l’armée n’a pas pu me rapatrier pour l’enterrement.
Lundi 30 septembre 2002, je décolle pour le Luc-en-Provence pour embarquer sur le TCD Siroco (exercice Destined Glory). C’est un exercice des forces de l’OTAN  en Méditerranée avec débarquements en Sardaigne. Retour à Phalsbourg le samedi 19 octobre 2002. Décès de ma grand-mère durant l’exercice, l’armée n’a encore pas pu me rapatrier pour l’enterrement.
L’année 2003 commence par des exercices divers. 4 février 2003, des manifestations anti-françaises débutent à Abidjan en Côte-d’Ivoire. La France décide d’envoyer des renforts. Comme d’habitude l’ALAT est sollicitée. Comme d’habitude, mon commandant d’escadrille me convoque pour que je fasse partie du détachement pour une période d’au moins 4 mois. Mais ayant commencé ma reconversion comme pilote hélicoptère SAMU, j’obtiens de ne pas partir.
22 mai 2003, dernière mission en Puma ; je ballade des élus locaux au-dessus de la région de Phalsbourg.
30 juin 2003, je suis placé en position de retraite après 16 ans 9 mois sous les drapeaux, environ 3000h heures de vol et…. toujours avec le grade de maréchal des logis-chef !
Cette période militaire de ma vie m’a apporté une grande ouverture sur le monde, beaucoup de satisfactions et une plus grande connaissance de moi-même. Je suis très heureux d’avoir accompli toutes ces missions, vu tous ces pays, rencontré toutes ces populations. Tout ceci aurait été impossible sans l’armée !
Je suis maintenant et depuis 13 ans pilote hélicoptère dans différents SAMU de France. »