Fernand CANAT – De l’exploitation agricole familiale au statut de Grand Invalide de Guerre.

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F CANAT

Le 13 septembre 1936, dans le hameau de Chausseroze, rattaché à la commune de Vic-sous-Thil, naît un garçon, Fernand CANAT, le troisième d’une famille de six enfants.
Dans ce contexte profondément attaché à la terre, l’exploitation agricole assure modestement les revenus de la famille.
Fernand fréquentera l’école communale qui lui dispense son enseignement jusqu’au certificat d’études primaires, avant de rejoindre le travail des champs, rude école de modestie et de respect des valeurs qui forme le caractère.
Vient ensuite l’appel sous les drapeaux ; c’est ainsi que Fernand CANAT rejoint le 06 novembre 1956 le 601 Groupe de Circulation Routière à OFFENBOURG en Allemagne.
Remarqué pour son esprit discipliné et sa disponibilité, il est désigné pour suivre le peloton d’élève gradé et obtient la moyenne pour accéder au grade de brigadier.
Intégré à la troupe théâtrale du régiment il participe aux festivités en qualité de trompettiste, instrument qu’il pratique avec succès.
Au plan professionnel ses compétences reconnues lui valent une affectation de moniteur chargé du perfectionnement à la conduite des véhicules, poste qu’il occupera jusqu’à son départ vers l’Afrique du Nord.
Le 03 janvier 1958 il rejoint sa nouvelle affectation à la 285ème CCR de MOSTAGANEM.
Au sein de cette unité il reçoit la formation de conducteur de draisine et se voit confier en qualité de chef d’un groupe constitué de huit hommes, dont un autochtone, l’ouverture de la voie ferrée menant à COLOMB-BECHARD.
La draisine peu protégée par un bardage de faible hauteur ne présentait pas les mesures de sécurité suffisantes pour être en confiance, d’autant que les attentats étaient fréquents, jusqu’à provoquer le déraillement du train en provenance de COLOMB-BECHARD entraînant la mort de 3 soldats.
Il fallait aussi entretenir la voie et réparer les dégâts occasionnés par les sabotages en remplaçant rails et ballasts endommagés.
L’excellence de son travail sera reconnue et récompensée par la Croix de la valeur militaire avec citation à l’ordre du régiment.
Mais c’est aussi lors d’un contrôle de circulation routière qu’une anecdote lui revient en mémoire : pour avoir obligé un haut gradé et son groupe à porter le casque lourd, il se voit infliger une punition de 8 jours de salle de police, sanction de principe mais dont le souvenir déclenche toujours chez lui un sentiment d’injustice.
Au cours d’un déplacement en camion il ressent d’importantes douleurs et un accès de fièvre qui l’empêchent d’assurer sa mission. Il faut solliciter le propriétaire d’une ferme pour disposer d’un thermomètre qui met en évidence la nécessité de rejoindre l’infirmerie de la compagnie.
Ce sera le 03 juin 1958 qu’une décision de transfert sera prise par le médecin pour une effectuer son évacuation vers l’hôpital d’ORAN.
Ignorant de son affection, torturé par d’insurmontables douleurs, il est admis le 05 juin à l’hôpital BAUDENS d’ORAN ; il est alors entièrement paralysé, le verdict tombe, c’est la poliomyélite.
Il faudra attendre le 17 juillet 1958 pour qu’un rapatriement par avion militaire le ramène à Villacoublay puis au Val-de-Grâce.
Enfin en novembre de la même année il retrouve la Bourgogne et sa famille, privé à jamais de l’usage de ses jambes et handicapé à vie pour d’autres fonctions.
Courageusement il ne s’écarte pas de ses anciens camarades ; il reste certes en fauteuil roulant, mais continue de participer à la vie du village en assistant aux bals itinérants fréquentés par la jeunesse. C’est grâce à cette persévérance à survivre qu’il est remarqué par celle qui deviendra son épouse, lui apportant le bonheur d’où naquirent une fille et plus tard trois petits enfants.
Trois ans plus tard la section des anciens combattants de Précy-sous-Thil reçoit son adhésion ; ce sera le début d’un engagement qui dure encore pour apporter aide et assistance aux victimes de guerre ou à leurs conjoints.
La même année il rejoint la fédération des Plus Grands Invalides de Guerre avec la même motivation qui ne faiblira à aucun moment tout au long de sa vie.
En 1968 l’avancée en âge des anciens de 14/18 le conduit à prendre la présidence de la section des ACVG de Précy-sous- Thil ; il réalise le regroupement de toutes les générations du feu à l’UNMRAC.
Ce dynamisme n’échappe pas à Pierre Jean MOATTI, préfet de la Côte d’Or qui le désigne pour représenter les anciens combattants d’AFN de la Côte d’or à l’Office départemental des ACVG.
Conscient de l’intérêt pour les anciens combattants de constituer une retraite complémentaire, il se rend à Paris en 1974 pour suivre un stage sur la retraite mutualiste de l’AGMG, rattachée à la France Mutualiste.
En 1982, suite à la fusion de l’AGMG-UNMRAC avec l’Union Fédérale, il est élu secrétaire général pour le département, fonction qu’il occupera durant 27 années au cours desquelles il effectuera de nombreux déplacement au siège parisien.
Les Grands Invalides feront appel à ses compétences en 1990 pour présider l’association régionale Bourgogne-Franche Comté-Territoire de Belfort, poste qu’il occupe toujours.
Il confirme ses engagements en devenant en 1991 membre du Conseil d’administration national des PGIG où il continue de siéger.
Au cours des années 1991-2002 il sera membre du conseil d’administration de la France Mutualiste à l’échelon départemental.
Fernand est premier vice-président de l’ONAC départemental depuis 2002 ; il est officier de l’Ordre National du Mérite, mais il est fier d’avoir été distingué pour recevoir la médaille d’or de l’Union Fédérale qui lui a été remise lors de l’assemblée générale nationale à Saint Apollinaire le 27 septembre 2015.
Propos recueillis à Précy-sous-Thil le 18 novembre 2015 par Annick LEGOUX et Fernand Pierre KERN.