Daniel BERTHIER – La transmission de la mémoire –

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Retraité après une carrière militaire complète, Daniel BERTHIER aurait pu s’acquitter d’une cotisation auprès de l’association d’anciens combattants la plus proche et s’en tenir aux commémorations officielles. Il n’en est rien pour ce passionné qui, depuis le lancement du cycle de commémoration sur la grande guerre, apporte ses connaissances dans la réalisation de tableaux très documentés qu’il présente aux visiteurs des expositions échelonnées sur la période  de 2014 à 2018, dans des communes différentes chaque année, pour la période entourant le 11 novembre.

Nous souhaitions parler de lui, tout d’abord de l’homme natif d’une famille bourguignonne en milieu rural, puis du militaire, enfin de l’ancien combattant. Rien n’aurait été possible sans son concours et l’apport de ses souvenirs personnels appuyés de photographies qui devraient rappeler à beaucoup,  avec nostalgie, une époque proche et lointaine à la fois, marquée de souffrances et de grandeur où s’affirmèrent les plus belles valeurs patriotiques.

Laissons-le se raconter.

daniel-berthier-devant-ses-tableaux

« Dois-je parler de ma vie à caractère strictement personnel avec le risque d’introduire des éléments « glorifiants », peut-être à tendance « m’as-tu vu »,  ou raconter une existence passée, parfois houleuse ou monotone, au risque de faire ressembler mon récit à une nécrologie ? J’emploierai la première option avec prudence tout en ayant conscience de la capacité de pouvoir être encore utile, disposant de l’énergie nécessaire pour le bien de la société à laquelle j’appartiens.

Je suis né le 15 novembre 1935 sous le signe du Scorpion. Mes traits de caractère sont très variés : tendresse, fermeté, opiniâtreté, vivacité d’esprit avec parfois une touche égrillarde pour détendre l’atmosphère.

enfant-de-troupe-1951-1952

Revenons à une chronologie pratique. Ma carrière militaire débute en octobre 1949 à l’âge de 13 ans, lorsque j’intègre l’école technique des enfants de troupe à Tulle. Pendant 4 années la vie d’internat y sera très sévère, mais me permettra d’accéder à un niveau de BAC technique. De cette période je garde le souvenir inoubliable d’avoir défilé à 15 ans sur l’avenue des Champs Elysées.

Le revers de la médaille consiste à devoir 5 ans de services pour rembourser les études, ce qui me conduit en qualité de major de promotion à choisir une arme technique : ce sera les « transmissions », alors en plein développement.

C’est à Montargis où j’acquiers la spécialité « faisceaux hertziens » et les grades successifs de caporal-chef à sergent. Arrive le mois d’octobre 1954 avec une mutation au 42ème régiment de transmission stationné à Zweibrüken, alors sous statut d’occupation.

sergent-a-montargis-1954cyr-1958

1956 – Je quitte l’Allemagne pour mon premier séjour en Algérie. Je découvre les régions d’Alger, Tlemcen, Colomb-Béchar et Méchéria puis l’Oranais et surtout le Sahara. Ce séjour me permet de préparer activement le concours d’entrée à l’école de Strasbourg en vue de mon admission à l’ESMIA de Coëtquidan. École que je rejoindrai à l’âge de 23 ans en octobre 1958 (promotion Terre d’Afrique) pour retrouver avec bonheur un camarade de chambrée de l’école de Tulle ; je le reverrai à Dijon en fin de carrière.

Un bon classement à cette formation d’officier m’autorise à poursuivre ma carrière dans les transmissions avec un nouveau passage à Montargis pour suivre une formation d’officier des transmissions, avant de repartir pour un deuxième séjour en Algérie.

Affecté au Sahara (Sud Algérois) je découvre les multiples fonctions dévolues à un jeune officier où j’acquiers une expérience profitable pour la suite de ma carrière. Une des plus éprouvantes sera de maîtriser les difficultés de circulation des convois sur piste et hors piste, environ 2500 km à l’occasion d’essais de liaisons sur le massif de l’Assekrem, haut lieu de l’ermitage du Père de Foucault, situé à

80 km de Tamanrasset. Mon épouse, comme toutes les conjointes de militaire, va suivre et supporter stoïquement ces nombreux mouvements  en s’adaptant aux contraintes si particulières des sables sahariens où règne une chaleur torride avoisinant les 49° à l’ombre, exerçant la fonction de monitrice d’action sociale au profit des jeunes filles oasiennes locales.

De retour en France en 1962 je rejoins l’école supérieure technique des transmissions à Pontoise pour un stage d’un an et demi, prélude à de nouvelles affectations : Fort de Bicêtre, Montargis, Besançon et Lyon pour un séjour de 4 ans.

Le commandement me détache pour une durée de 2 ans au titre de la coopération militaire auprès de l’armée algérienne. De retour, ce sera Agen pour une durée de 5 ans dans le cadre de la formation des jeunes engagés.

agen-1979

C’est avec le grade de lieutenant-colonel commandant le centre national des transmissions à Dijon- Hauteville que s’achèvera ma carrière d’active après 30 années de service. Redevable de 10 années de service, je suis affecté pour emploi à la Légion de Gendarmerie de Bourgogne où je serai promu colonel.

Depuis la fin de mes activités militaires, je m’investis dans la préparation d’expositions avec une équipe de fidèles motivés en essayant d’appliquer et de transmettre mes connaissances.

Je termine en souhaitant avoir répondu à l’attente de mon président, sachant qu’il a, malgré tout, pouvoir de censure…»


Point de censure, mais un rappel sur la rencontre passée sous silence où le destin a failli basculer à cause d’une mine sur une piste Saharienne. Avec moins de risques le colonel (r) Daniel BERTHIER apporte une aide inestimable dans les travaux préparatoires de nos expositions. Il s’attache aussi à commenter chaque année, durant le cycle de commémoration de la Grande Guerre, les tableaux très documentés qu’il a préparés à cet effet.

Merci Daniel pour cet apport de connaissances et ta grande disponibilité que jeunes et adultes n’hésitent pas à solliciter.

Fernand Pierre KERN